Les femmes dans les Prophéties de Nostradamus par le Dr. Lucien de Luca © |
|
Quand l'efcriture D.M. trouuee, Et caue antique a lampe defcouuerte, Loy, Roy, & Prince Vlpian efprouuee, Pauillon Royne & Duc fous la couuerte. |
|
Le pere & filz feront meurdris enfemble Le prefecteur dedans fon pauillon La mere à Tours du filz uentre aura enfle. Caiche uerdure de feuilles papillon. |
Clefs : Le papillon met le ver dans le fruit (engendre) en butinant et fécondant la fleur (le pavillon), et les métamorphoses successives cachent son génie, ignoré des gens distraits ou naïfs. Mais le papillon nostradamien c'est aussi la Ψυχη, l'Ame personnifiée sortant toute en ailes d'une chrysalide [9], devenue symbole d'immortalité chez Dante . Le pere & filz... meurdris enfemble, pour être le même "homme" et avoir aimé la même "femme" : comme dans la religion égyptienne où Osiris est à la fois mari, frère jumeau et fils d'Isis [10]. La mere à Tours ou encore la mère à tours ressemblerait bien à
Cybèle, la Mère des dieux à la couronne de tours (Ovide, Les Métamorphoses, X, 686), alias Isis sous d'autres cieux, Vénus, Minerve, Proserpine, Hécate ou Cérès [11].
Pour revenir à l'Eglise, l'assemblée des fidèles, elle est elle-même représentée comme une mère ayant un fils (le Christ, un fils de Dieu dans le domaine spirituel et non pas matériel ; cf. Jean, 3 : 6), comme époux : "Comme les disciples de Jean Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vient demander à Jésus: « Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens ? » Jésus répond: « Les invités de la noce pourraient-ils donc jeûner, pendant que l'Époux est avec eux ? Tant qu'ils ont l'Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. Mais un temps viendra où l'Époux leur sera enlevé : ce jour-là ils jeûneront. »" (Marc, 2, 18-22).
On retrouve cette notion d'épouse maternelle chez Nostradamus, et aussi de mère épousant un de ses fils :
|
Dedans le puys feront trouués les oz, Sera linceft commis par la maratre: L'eftat changé on querra bruit & loz, Et aura Mars afcendant pour fon aftre. |
Clefs : inceft : (cf. supra VIII-75), la marâtre, la belle-mère ou seconde femme du père, incestueuse comme Isis [4].
Plus loin, ce sont encore les Ecritures qui permettent de replacer dans leur contexte religieux certaines "femmes" publiques des Centuries. En effet, c'est toujours dans le livre d'Osée qu'on trouve le recours à la parabole d'une épouse adultère illustrant l'infidélité d'une nation : "Quand Yahvé commença de parler par Osé, Yahvé lui dit : « Va, prends une femme portée à la prostitution et des enfants de prostitution, car le pays, abandonnant Yahvé, ne fait que se prostituer ». Accusez votre mère, accusez-là ! Car elle n'est plus ma femme et je ne suis plus son mari. Qu'elle bannisse de sa face ses prostitutions, d'entre ses seins ses adultères, sinon je la déshabillerai toute nue et la mettrai comme au jour de sa naissance ;
je la rendrai semblable au désert, je la réduirai en terre aride et la ferai périr de soif, ..." (Osée, 1,2). Et dans Isaïe pareillement, et très explicitement : «Comment est-elle devenue une prostituée, la cité fidèle ?» (Isaïe, 1, 21). Ces métaphores bibliques permettraient d'expliquer la présence et la nature des adultères dans les Centuries :
|
Dame en fureur par rage d'adultere, Viendra a fon Prince coniurer non de dire : Mais bref cogneu fera le vitupere, Que feront mis dixfept a martire. |
|
Quant l'adultere bleffé sans coup aura Meurdry la femme & le filz par defpit, Femme affoumee l'enfant eftranglera : Huit captifz prinz, s'eftouffer fans refpit. |
|
Le grand credit d'or, d'argent l'abondance Fera aueugler par libide l'honneur Sera cogneu d'adultere l'offence, Qui parviendra à fon grand deshonneur. |
|
La republique de la grande cité A grand rigueur ne voudra confentir : Roy fortir hors par trompette cité, L'efchelle au mur, la cité repentir. |
Clefs : Dans l'Ancien Testament (Nombres, XI, 4), une grande cité à grand rigueur ne voulait consentir : "Le ramassis de gens qui se trouvaient au milieu d'Israël fut saisi de convoitise ; et même les enfants d'Israël recommencèrent à pleurer et dirent : Qui nous donnera de la viande à manger ? Nous nous souvenons des poissons que nous mangions en Égypte, et qui ne nous coûtaient rien, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et des aulx. Maintenant, notre âme est desséchée : plus rien ! Nos yeux ne voient que de la manne (...) Ensuite, inspiré, Moïse dit à son peuple (Nombres, XI, 8) : "L'Éternel
vous donnera de la viande, et vous en mangerez. Vous en mangerez non pas un jour, ni deux jours, ni cinq jours, ni dix jours, ni vingt jours, mais un mois entier, jusqu'à ce qu'elle vous sorte par les narines et que vous en ayez du dégoût, parce que vous avez rejeté l'Éternel qui est au milieu de vous" ; bien que prévenu, le peuple se jette sur l'abondance facilité, mais La cité repentir, suite à l'ire de Dieu : "Comme la chair était encore entre leurs dents sans être mâchée, la colère de l'Éternel s'enflamma contre le peuple, et l'Éternel frappa le peuple d'une très grande plaie." (Nombres, XI, 33).
La republique, vu comme principe gouvernemental de la grande cité humaine, passant de la démocratie à la tyrannie [cf. infra], depuis Platon, Aristote ou Cicéron : ce concept était un sujet de discussion permanent dans l'oeuvre de Machiavel et de More, largement répandu dans les milieux humanistes et popularisé par Rabelais avec ses Thélémites jusqu'à la publication des Six Livres de la République de Jean Bodin en 1583.
|
La dame Grecque de beauté laydique Heureufe faicte de procs innumerable, Hors tranflatee au regne Hifpanique Captiue prinfe mourir mort miferable |
Clefs : Laïs, comme une dame antique en II-51, était une célèbre courtisane grecque de Corinthe, son nom signifie littéralement "fille du peuple" (de λαος) ; on voit aussi que la prostituée biblique est belle et bien laïque (grec λαικας : populaire, profane). La république démocratique, celle de "l'ignorante et sotte multitude" tant redoutée des Thélémites, a été une spécialité grecque, particulièrement bien étudiée par Platon, dans La République : "Dans cet Etat, on n'est pas contraint de commander si l'on en est capable, ni d'obéïr si l'on ne veut pas, non plus de faire la guerre quand les autres la font, ni de rester en paix quand
les autres y restent, si l'on ne désire point la paix ; d'autre part, la loi vous interdit-elle d'être magistrat ou juge, vous n'en pouvez pas moins exercer ces fonctions, si la fantaisie vous en prend (
). Hé quoi ! la mansuétude des démocraties à l'égard de certains condamnés n'est-elle pas élégante ? N'as-tu pas déjà vu dans un gouvernement de ce genre des hommes frappés par une sentence de mort ou d'exil rester néanmoins dans leur patrie et y circuler en public ? Le condamné, comme si personne ne se souciait de lui ni ne le voyait, s'y promène, tel un héros invisible (
). Tels sont les avantages de la démocratie, avec d'autres semblables. C'est comme tu le vois, un gouvernement agréable, anarchique et bigarré, qui dispense une sorte d'égalité
aussi bien à ce qui est inégal qu'à ce qui est égal (...) Le maître [y] craint ses disciples et les flatte, les disciples font peu de cas des maîtres et des pédagogues (
). Le terme extrême de l'abondance de liberté qu'offre un pareil Etat est atteint lorsque les personnes des deux sexes qu'on achète comme esclaves ne sont pas moins libres que ceux qui les ont achetées. Et nous allions presque oublier de dire jusqu'où vont l'égalité et la liberté dans les rapports mutuels des hommes et des femmes (
). A quel point les animaux domestiqués par l'homme sont ici plus libres qu'ailleurs est chose qu'on ne saurait croire quand on ne l'a point vue. En vérité, selon le proverbe, les chiennes y sont bien telles que sont leurs maîtresses ; les chevaux et les ânes, accoutumés
à marcher d'une allure libre et fière, y heurtent tous ceux qu'ils rencontrent en chemin, si ces derniers ne leur cèdent point le pas. Et il en est ainsi du reste : tout déborde de liberté." (La République, VIII, 558-563).
Procs : prononcé prox (sauf votre respect), singuliers proces, conviendrait à une courtisane payée en numéraire innumerable pour ses avances (cf. proco, procatio, demande en mariage, procax, demande effrontée, impudence, cf. français moyen procacité, insolence ; Bailly, 1934, Godefroy, 1885). Hifpanique (cf. Hyfpans en VIII-94, IX-78 ; Espagne : Spania en latin, Spain en anglais, Spanien en allemand), spanios, spanis, Σπανος à la mode hellène : en manque de ressources, dans le plus total dénuement, dans une pitoyable nudité, une piteuse nécessité (cf. III-30, IV-22, V-73).
|
Vn an deuant le conflict Italique Germains, Gaulois, Hezpaignolz pour le fort : Cherra l'efcolle maifon de republicque Ou, hormis peu, feront fuffoqué mors. |
|
La republique miferable infelice, Sera vaftee du nouueau magistrat : Leur grand amas de l'exil malefice, Fera Sueue rauir leur grand contract. |
|
Quand la lictiere du tourbillon uerfée, Et feront faces de leur manteaux couuers : La republique par gens nouueaux vexée, Lors blancs & rouges iugeront à l'enuers. |
Clefs : pourquoi la Republique vexée ? Platon, encore : "Maintenant, le passage de la démocratie à la tyrannie ne se fait-il de la même manière que celui de l'oligarchie à la démocratie ? (
) N'est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde comme son bien suprême, la liberté, qui perd cette dernière ? (
) En effet, dans une cité démocratique tu entendras dire que c'est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi un homme né libre ne saurait habiter ailleurs que dans cette cité. (
). Or donc
, n'est-ce pas le désir insatiable de ce bien, et l'indifférence pour tout le reste, qui change ce gouvernement et le met dans l'obligation de recourir à la tyrannie ? (
)
Lorsqu'une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons, elle s'enivre de ce vin pur au-delà de toute décence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie, les accusant d'être des criminels et des oligarques. (
). Et ceux qui obéissent aux magistrats, elle les bafoue et les traite d'hommes serviles et sans caractère ; par contre, elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l'air de gouvernés et les gouvernés qui prennent l'air de gouvernants. N'est-il pas inévitable que dans une pareille cité l'esprit de liberté s'étende à tout. (
). Que le père s'accoutume à traiter son fils comme
son égal et à redouter ses enfants, que le fils s'égale à son père et n'a ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu'il veut être libre, que le métèque devient l'égal du citoyen, le citoyen du métèque et l'étranger pareillement. (
). Le maître craint ses disciples et les flatte, les disciples font peu de cas des maîtres et des pédagogues. (
). Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu'ils rendent l'âme des citoyens tellement ombrageuse qu'à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s'indignent et se révoltent ? Et ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s'inquiéter des lois écrites ou non écrites, afin de n'avoir plus absolument aucun maître. (
). Eh bien ! mon ami,
c'est-ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à la tyrannie
". (La République, VIII, 562-563).
Donc en résumé, l'efcolle maifon de Républicque (II-39), qui A grand rigueur ne voudra confentir (III-50), et miferable infelice... Sera vaftee du nouueau magistrat (I-61) ou par gens nouueaux vexée (1-3) : car "... la mort d'un fort grand apportera beaucoup de troubles tant en la hierarchie, qu'en ariftocratie, & beaucoup plus en la democratie. [...] fon gazophilacium fe treuuera tellement efpuisé, qu'il fera contraint de tyranniquemẽt exiger fes fubiets, & deuiendra fplenetique..." [13] (Almanach pour 1566, Predictions de Juin, Cahiers Nostradamiques).
Après Platon, Aristote et Cicéron, peut-être Nostredame avait-il lu Machiavel : "Quiconque compare le présent et l'avenir, voit que toutes les cités, tous les peuples ont toujours été et seront encore animés des mêmes désirs, des mêmes passions. Ainsi, il est facile, par une étude exacte et bien réfléchie du passé, de prévoir, dans une République, ce qui doit arriver". (Discours sur la Première Décade de Tite-Live ; II, 39).
|
Siege en cité & de nuict affaillie, Peu efchapés : non loin de mer conflict. Femme de ioye, retours filz defaillie Poifon & lettres cachées dedans le plic. |
|
La fplendeur claire a pucelle ioyeufe Ne luyra plus long temps fera sans fel Auec marchans, ruffiens loups odieufe Tous pelé meflé monftre uniuerfel. |
La fplendeur claire pourrait ressembler à la lumière d'un astre divin personnifié, Lune ou Soleil, Artémis ou Apollon (divine en I-2, céleste en X-98, efplandeur en IV-28).
|
Pour ne vouloir confentir au diuorce Qui puis apres fera cogneu indigne Le Roy des Ifles fera chaffé par force Mis a fon lieu que de roy n'aura figne. |
Clefs : le divorce, la femme infidèle est comparée à la res publica tentée par la corruption, l'aventure dérélictueuse, la division (grec διαβολη latin diabole) des citoyens par ce grand credit d'or, d'argent, l'abondance : "Qu'est devenue cette antique fécondité des mariages, heureuse suite des murs, grâce à laquelle, pendant près de six cents ans depuis la fondation de Rome, pas une maison ne connut le divorce? Aujourd'hui, au contraire, les femmes ont tous les membres chargés d'or, elles n'osent embrasser sans crainte à, cause du vin qu'elles ont bu ; quant au divorce, il est devenu l'objet de leurs vux et comme un fruit du mariage. " (Tertulien,
Apologétique, VI, 6) ; le Roy des Ifles voudrait rester comme Osée, l'époux de sa grande cité, mais celle-ci en fureur par rage d'adultere voulant le répudier, et son entêtement à vouloir rester l'Epoux de sa République le fera cogneu indigne, chaffé par force, etc ; l'ifle Harmotique en X-36 : unie, accordée (du grec αρμοττω, αρμοζω : unir, prendre pour femme) ; les ifles : des terres nouvelles, au milieu de la mer, entre deux eaux firmamentales, inondées ou baptisées (cf. Cicéron : "S'ils veillent [les dieux] sur ceux qui habitent cette sorte de grande île que nous appellons le globe terrestre", De la nature des dieux, LXVI, 165).
|
La royne Ergafte voiant fa fille blefme, Par vn regret dans l'eftomach encloz, Crys lamentable feront lors d'Angolefme, Et au germain mariage fort clos. |
Clefs : Fort clos : le mariage du fort (celui de II-39) est achevé, accompli (cf. anglais close, proche), et non pas nécessairement forclos, exclu. Royne Ergafte (du latin ergastulum : prison d'esclave, par le grec εργασια : travail, préparation), en travail forceps. On remarquera dans le grec γαστηρ : estomac, mais aussi entrailles, ventre cf. caue antique, pour la conception la terminaison commune et peut-être fortuite de εργαστηρ : travailleur, la matrone préparant au travail de l'accouchement). On imagine alors une Royne homérique, olympienne, une déesse parnassienne comme Héra ou Junon Lucina, matrone présidant aux accouchements et aux délivrances, parfois pour les retarder comme
lors de la naissance d'Hercule.
|
Puyfnay royal flagrand d'ardant libide, Pour fe iouyr de coufine germaine, Habit de femme au temple d'Arthemide : Allant murdry par incogneu du Maine. |
Clefs : Habit de femme : robe de l'ecclésiastique. Arthemide : Artémis, divinité lunaire, vierge divine. cf. germain mariage en X-17, d'une conjonction de Mars à Venus (cf. IV-84-97, V-25), à l'exemple de Mars-Arès, s'unissant à sa consur germaine (Coufin, à Confanguineus, quafi Confanguin. ; Estienne, 1549). Vénus-Aphrodite, alias Isis, l'épouse de Vulcain-Héphaistos, alias Osiris [14] ; meurtry à Venus faifant vu en VIII-32.
|
Premier fils vefue malheureux mariage Sans nuls enfans deux Ifles en difcord, Auant dixhuict incompetant eage, De l'autre pres plus bas fera l'accord. |
Clefs : Auant dixhuict : c'est-à-dire à dixfept, au moment d'une parenthèse, d'un fubit changement en I-20, à l'instant d'un eftat changé en VI-50 ; incompetant : incompetens déplacé, inconvenant, discordant, de competo : s'accorder, tandis l'accord pourrait être fait par un competiteur en III-73, refusant le diuorce en X-22. Sans nul enfans : cf. dans la Lettre à Henry Second : "Car Dieu regardera la longue fterilité de la grãd dame, que puis apres conceura deux enfans principaux : Mais elle periclitant, celle qui luy fera adiouftee par la temerité de l'eage de mort periclitant dedans le dixhuictiefme... (p.9) Apres ceci la dame fterile
de plus grande puiffance que la feconde... (p.10)" . Deux isles en discord (cf. Aupres des portes & dedans deux cités en II-6, Dans deux logis de nuit le feu prendra en II-35), cf. Saint-Augustin : "Deux amours ont bâti deux cités. L'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu, la cité terrestre. L'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi, la cité céleste. L'une se glorifie d'elle-même, l'autre dans le Seigneur" (La Cité de Dieu, XIV, 28).
|
La grande royne quand fe verra vaincu, Fera excés de mafculin courraige. Sus cheual,fluue paffera toute nue, Suite par fer : à foy fera oultrage. |
|
Le diuin mal furprendra le grand prince Vn peu deuant aura femme efpoufée. Son apuy & credit à vn coup viendra mince, Confeil mourra pour la tefte rafée. |
Conclusion
On ne saurait encore dire exactement comment Nostredame aurait lui-même rangé toutes ces "femmes", de la première à la dernière, ni encore précisément quels seraient tous leurs attributs respectifs, mais on voit bien qu'il existe de nombreuses relations entre elles d'une centurie à l'autre, ce qui prouve un fois de plus que les Prophéties sont l'oeuvre d'un seul auteur, animé par des préoccupations spirituelles et religieuses plutôt que strictement, et bassement, matérialistes et politiciennes. On voit aussi et autant qu'une Apocalypse ce sera sûrement une révélation que les Almanachs et les Prophéties sont écrites de la même main, pour ne pas dire par la même tête : celle qui, obsédée, revient toujours
au même sujet, à Dieu quelle que soit l'occasion, la saison ou l'année de l'almanach. Nous avons déjà eu l'occasion de dire que ce leitmotiv appartenait à la sémiologie de certaines épilepsies temporales ou syndromes apparentés, nous insistons à nouveau pour le faire remarquer à celui qui l'ignorerait, de bon ou mal gré. De même que les Prophéties ne sont pas une liste de prédictions successives, les Almanachs ne sont pas non plus un calendrier perpétuel, mais une prédiction permanente où au milieu de prévisions météorologiques anodines on retrouve partout la même obsession : pour Nostredame la justice divine s'exerce et doit s'exercer en tout temps et en tout lieu,
à toute occasion, tôt ou tard... Mais pour l'oracle de Salon, la justice divine ne saurait être exercée par les hommes eux-mêmes, fût-ce dans une république utopique ou démocratique, mais par Dieu seul, celui qui justement "est sur tout". Resterait à trouver selon Nostredame parfois accusé de vouloir ressusciter les dieux païens une définition de Dieu, promis à ressusciter en nouueau vieux (III-72).
Néanmoins, l'éxégète n'est pas le prophète, ni l'éxégèse la prophétie : ni l'une ni l'autre n'est assurée, et encore moins inexorable, et l'on est pas obligé de croire pour étudier la Bible ou les Prophéties. Vouloir refuser ou craindre, esquiver ironisera-t-on, l'une ou l'autre, l'éxégèse ou le texte, voire les deux, c'est faire preuve de superstition : on craint la prophétie alors que l'on a aucune certitude de son accomplissement, mais comme les esprits faibles craignent la prophétie, ils interdisent aussi son éxégèse ou inventent des clauses de nullité. Puéril. Puis pour échapper à la critique de ses conjectures hasardeuses, le néophyte, ignorant superbement les travaux de Sperry
et Gazzaniga sur le cerveau dédoublé, Geschwind et Waxman sur les troubles psychiatriques des épilepsies temporales, invoque Freud admis pour certain parmi les imposteurs (Bénesteau, 2002) : c'est ainsi faire preuve d'incompétence dans le domaine neuropsychologique, et récompenser l'espèce qu'on prétendait dénoncer ailleurs par des sophismes extravagants [17]. Mais passe encore. Car d'autres Elithes Amaurotes feignant d'ignorer que les Prophéties, comme d'autres textes beaucoup plus connus (Alajouanine, 1973 ; Altschuler, 2002 ; Hansen, 1988 ; Landsborough,
1987 ; Vercelletto, 1997), sont le produit désormais inévitable de cette Comitiale agitation Hiraclienne auto-diagnostiquée par un élève d'Hippocrate et de Galien réunis, reléguent le traducteur du Protreptique, élevé sur un fond d'Utopia, parmi les confiseurs et autres amateurs innocents de miel, de fleurs et petits oiseaux, laissant les Hypernéphélistes Ombrophores pérorer sans fin sur ces inévitables, merveilleux et tout puissants Martiens. Prétentions abracadabresques que celles d'astrologues, fussent-ils sorbonnistes, voulant enseigner les maux d'esprit aux derniers disciples d'Asklépios ! Le mal serait insignifiant si tous ces vices débiles
n'encouragaient directement certaines pratiques sectaires aussi ahurissantes que redoutables, et ce n'est pas le déni d'utopies assisté de faussaires qui aidera à combattre ce genre de péril mortel [18].
in Logodaedalia, 14 Juillet 2003.
[4] Plutarque : "Isis et Osiris estans amoureux l'un de l'autre devant qu'ils fussent sortis du ventre de la mere, coucherent ensemble à cachettes, et disent aucuns que Aroveris nasquit de ces amourettes-là, qui est appellé l'aisné Orus par les Aegyptiens, et Apollo par les Grecs." "Isis apres sa mort coucha encore avec Osiris, duquel elle eut Helitomenus et Harpocrates qui estoit mutilé des pieds" (Amyot, 1587, Isis et Osiris, 320v, 322r).
[5] Cf. Cicéron De la nature des dieux, III, 20, 51.
[6] "Apollon et Artémis, d'après les Egyptiens, seraient enfants de Dionysos et d'Isis ; Léto serait leur nourrice et les aurait sauvés, en langue égyptienne Apollon s'appelle Horus, Déméter Isis, Artémis Boubastis." (Histoires, Euterpe, 155). C'est dans la cité appelée Bubastis que se trouvait le sanctuaire de Bastet, divinité à tête de félin, qu'Hérodote confond avec Artémis.
[7] Cf. Les significations de l'Eclipse : " quelque Roine, ou homme vir non vir, & du tout efemine " (Chevignard, 1999, p. 450).
Cf. IV-57 : Ignare enuie du grand Roy fupportée,/ Tiendra propos deffendre les efcriptz:/ Sa femme non femme par vn autre tentée,/ Plus double deux ne fort ne criz.
[8] Cf. encore, Dante : "son épouse et confidente, la Sainte Eglise" (Banquet, II, 5, 5) ; "vous combattez avec vaillance pour l'Epouse du Christ, pour le siège de l'Epouse, qui est Rome..." (Epitre XI, 26) ; "un qui eut en ses bras Sainte Eglise" (Purgatoire, XXIV, 22) ; "quand l'épouse de Dieu se lève et chante/ matines vers l'époux afin qu'il l'aime" (Paradis, X, 140).
[9] " lâme est dans le corps comme dans une prison [φρουρα] " (Gorgias, 525a ; Phédon, 62 b), " ou même dans une tombe " (corps / tombe : σωμα / σημα, Gorgias, 493 a ; Cratyle, 400 c ; Phèdre, 250c). Le papillon symbolise les métamorphoses de l'âme, débarassée de son enveloppe charnelle (le grec ψυχη signifie à la fois âme et papillon). Cf. Dante : "O superbi cristian, miseri lassi, che, de la vista de la mente infermi, fidanza avete ne' retrosi passi, non v'accorgete voi che noi siam vermi nati a formar l'angelica farfalla, che vola a la giustizia sanza schermi ? Di che l'animo vostro in alto galla, poi siete quasi antomata in difetto, sì come vermo in cui formazion falla? " : " O chrétiens
superbes, malheureux débiles/ qui infirmes de la vue de l'esprit/ vous fiez aux pas rétrogrades,/ Ne savez-vous donc point que nous sommes des vers/ nés pour devenir l'angélique papillon/ qui, sans que rien l'en défende vole devant la Justice ? / De quoi gonflée, votre âme en haut flotte-t-elle,/ Qu'êtes-vous que d'informes insectes,/ semblables au ver qu'avorte la transformation ? " (Le Purgatoire, X, 121-129). Cf. Diderot : "LE MAÎTRE : Pour moi, je me regarde comme en chrysalide ; et j'aime à me persuader que le papillon, ou mon âme, venant un jour à percer sa coque, s'envolera à la justice divine. JACQUES : Votre image est charmante. LE MAÎTRE : Elle n'est pas de moi, je l'ai lue, je crois, dans un poète italien appelé
Dante, qui a fait un ouvrage intitulé : La Comédie de l'Enfer, du Purgatoire et du Paradis" (Jacques le Fataliste). Cf. Ovide dans les Métamorphoses (faisant suite à une autre transformation superlative des grenouilles et des oursons) : "Les chenilles qui, aux champs, enveloppent les feuilles dans le réseau de leurs fils blancs se changent les paysans ont constaté le fait en papillon funèbre" (Met., XV, 370).
[10] "ανηρ της Ισιδος Οσιρις και αδελφος και υιος παραδεδοται " (Porphyre, in Chaeremon, 1987).
[11] "Car les Phrygiens m'appelent la mère des dieux : les Atheniens, Minerve : les Cypriens, Venus, les Candians, Diane : les Sicilens, Proferpine : les Eleufins, Ceres : aucuns Iuno : les autres Bellone, puis Hecate, & principalement les Ethiopiens, qui habitent au Soleil leuant, & les Egyptiens qui font excellens en toute doctrine ancienne, & qui par propres cerimonies ont de coutume de m'adorer, m'appelent la Royne Ifis. " (Apulée, La Métamorphose, XI, 2 ; éd. 1553, p.388) ;
"Les Anciens la nommerent Mere des Dieux, pource qu'à la femblance d'vne mere elle produit & nourrit toutes chofes. Et cõme mere de la Terre (ce dit Phurnutus) les Romains & les Grecs luy attribuerent plufieurs puiffances, & la nommerent de plufieurs noms, vne fois Sybele, Ceres, la Terre, Proferpine : d'autrefois mere des beftes (& tout ainfi la nomme Lucrece) Vefta, & Diane. (
) Et Virgile nous a donné à entendre qu'elle eftoit Lune au Ciel, Diane fus terre, & Proferpine aux enfers, quand il a dit, Tergeminamque Hecatem tria virginis ora Diana. (
) cõme nous lifons en Athenaeus, eftimants que Hecate, Diane, la Lune & Proferpine eftoyent vne mefme chofe. " (Discours de la religion des anciens Romains, Du Choul, 1556, p. 90-93) ;
Cf. Turcan, 1992 (p. 101).
[12] Lucien de Samosate : " Les François en leur lãgue maternelle appellent Hercules Ogmiù. & le figuret en painture dune facon nouuelle & inufitee. Ilz le figurent en vieillard chauue, nayant que vng bien peu de cheueux derriere, & Iceulx tous chanus & blãcs. Sa peau eft ridee, & toute noire brulee du chaut au foleil, cõme on voit que font coulorez ces vieulx mariniers, vo' diriez quil feroit vng droit Charõ, ou vng Iapetus, lefquelz frequentent aux enfers. (
) Touteffois en cefte figure & efpece il porte laornemet dudit Hercules, entedu quil eft veftu dune peau de Lion, & quen fa main dextre tiet vne maffue, & porte a fon col en echarpe vne trouffe, & en fa main feneftre vng arc bede. Finablemet. Il eft vng droit Hercules. " (Tory, 1529 ; Champfleury, I, f° II) ;
Plutarque : "Osiris regnant en Aegypte, retira incontinent les Aegyptiens de la vie indigente, souffreteuse et sauvage, en leur enseignant à semer et planter, en leur establissant des loix, et leur monstrant à honorer et reverer les Dieux: et depuis allant par tout le monde, il l'apprivoisa aussi sans y employer aucunement la force des armes, mais attirant et gaignant la plus part des peuples par douces persuasions et remonstrances couchees en chansons, et en toute sorte de Musique, dont les Grecs eurent opinion que c'estoit un mesme que Bacchus" (Amyot, 1587, Isis et Osiris, p320v ; 13 [356 B]) ;
Cf. Erasme : "
semblable à celle que les fables des anciens poètes ont notée non sans raison chez Mercure qui, comme avec une baguette magique ou une cithare divine, envoie ou retire le sommeil quand il lui plaît, expédie aux Enfers ou en rappelle qui il veut, ou bien semblable à celle qu'ils ont indiquée chez Amphion et Orphée, dont l'un est représenté mettant en marche des rochers rigides, l'autre attirant avec sa cithare les chênes et les ornes ; ou pareille à celle que les Gaulois attribuaient à leur Ogmius qui conduisait tous les mortels où il voulait grâce à des chainettes partant de sa langue attachées à leurs oreilles, (
) une éloquence qui, au lieu de caresser seulement les oreilles d'un plaisir vite évanoui, laisse dans les coeurs des auditeurs
de durable aiguillons, qui entraîne, qui transforme, qui renvoie l'auditeur tout différent de ce qu'il était à son arrivée. " (Paraclesis, 1516).
Cf. Alciat : " Eloquentia fortitudine praestantior. Eloquence vault mieux que force./ L'arc en la main, en l'autre la massue,/ Peau de lyon estant cy aperceue,/ Pour Hercules me faict ce vieillart croire./ Mais ce qu'il a marque de si grand gloire:/ Que mener gens enchainez a sa langue/ Entendre veult, qu'il feist tant bien harengue,/ Que les François pour ses dits de merveilles,/ Furent ainsi que pris par les oreilles./ Si donc il a par loix & ordonnances/ Rangé les gens, plustost que par vaillances:/ Dira l'on pas (comme est vérité)/ Que l'espee a lieu aux livres quicté ?/ Et que ung dur cueur par sages mieulx se range,/ Que gros effort son aspreté ne change ?/ Pour ce Hercules ne fait pas grandes forces:/ Et si sont gens, apres luy grandes courses. " (Livret des Emblèmes, 1536).
[13] latin gazophylacium : salle du trésor, du latin gaza (d'origine perse, par le grec) : trésor, crédit ; épuisé : affaibli (comme Hercules à la suite de ses Travaux), éprouvé, mis à l'épreuve ; splenetique : mélancholique, atrabilaire, pour le moins courroucé. C'est dans L'Interprétation des Hiéroglyphes qu'on voit le mieux le sens et les attributs de ce spleen : "Comment derechief le sainct escrivain/ Voulant encores le sacriste escripvain/ Signifier ou le vates ou prophete/ Ou bien le juge ou le ris nieis ou vain/ Le prince aussi ou bien l'odeur parfaicte/ Le chien paignoient qu'a toutz il ne faict feste/ Le scribe pour ce que celui qui doibt estre/ Parfaict scribe beaucoup luy fault penser/.../ Parquoy le prophete au chien/.../
Parquoy le chien à la rate comparé/ La ratte pour ce car le chien a la ratte/ Si fort legiere que souvent mort en vient/ Par cela mesmes et la raisge faict haste/ Souvent de mort quand subit luy survient/ E ceulx qui scavent quel cuer il apartient/ Quant mourir doibvent par rate vient hectique/ L'odeur sentir le minister s'aplique,/ L'oudeur le ris ont ne vient remuer/ L'esternuer car qu'est splenetique/ Ne peult sentir, rire ne esternuer./ Comment l'homme constitué en estat de magistrat/ Voulant escripre le magistrat loyal/ Paignoient le chien ou piez de sa figure/..." (Rollet, 1968).
[14] Jamblique : "L'intellect démiurgique, maître de la vérité et de la sagesse, quand il vient dans le devenir et amène à la lumière la force invisible des paroles cachées, se nomme Amon en égyptien, mais quand il exécute infailliblement et artistement en toute vérité chaque chose, on l'appelle Ptah (nom que les Grecs traduisent Héphaistos, en ne l'appliquant qu'à son habileté d'artisan) ; en tant que producteur des biens, on le nomme Osiris, et il a d'autres appellations selon ses diverses vertus et activités." (Les Mystères d'Egypte, VIII,3).
[15] Et mefmes vne ioye fort grande aduiendra aux hommes pour caufe de quelque grãd prince & monarque, qui de maladie grande retournera en parfaite conualefcẽce, & fa priftine fanté luy fera reftituee. [...] Ici lon fera courir vn bruit de la maladie & mort de quelques grands & dans vn mefme moment feront apportées nouuelles de fa conualefcence & fanté. [...] La plus part s'accordera & quand on fera parvenu iufques à conclure tout, lors que quelque grand vieil, & quelque grande dame, tous deux par fraudulence fe mettront à trauers. Le vieil pour le fouftenement de quelque vierge à marier, & pour quelques maladies, pour quelque defaillement de feruiteurs : la dame pour le faict de fectes, loix, religion, perigrinatiõs, quelques horribles fonges qu'auront efté precedants : le tout
donnera quelque trouble & empechement, mais non obftant quelque excufes, contradictions & fubterfuges le tout uiendra à fe paracheuer en grãde alegreffe, cõualescence & au contentement d'vn chacun. [...] Au refte les plus grands feront treftous en alegreffe, ioye & fupreme hylarité par nouuelles aliances, par nouueaux mariages, & par autres agreables conftitutions & ordonnances, qui feront caufe que les regnes croiftront en augmentation de tous biens auec paix, amour, vniõ, & paifible trãquillité." (Almanach pour 1566, Cahiers Nostradamus, pp. 91, 92, 102, 104).
[16] Cf. Platon : " α δη λογω μεν και διανοια ληπτα : or, ces choses sont perçues par la raison et la réflexion, et non par la vue " (La République, VII, 529d) ;
Cf. Erasme : "E simili modo profertur, nisi quod ore parcius diducto vox non erumpit sursum in coelum oris, sed in linguam infimam, quae leuiter ferit utrinque dentes molares, reductis introrsum labiis. Inter haec duo elementa medium est η Graecorum, quod effertur rictu minus diducto quam in α, hiantiore tamen ac minus in ima depresso sono quam in e. Cognationem arguit primum, quod apud Graecos α frequenter vertitur in η et contra, vt Πριηπος pro Πριαπος et ιητρος ιατρος ; contra ταν pro την. Apud Latinos fere vertitur in e longum, ut Κρητες Cretes et σπλην splen." (De pronuntiatione, 260) ;
Cf. Tory : "Ita vault vng I. long en quantite de fyllabe metrique, & fouuuant eft mue & change de Grec en Latin pour E long en quantite de fyllabe metrique". (Champfleury, Declaration de la lettre grecque, 1529 ; Art et Science de la vraie proportion des Lettres, Bibliothèque de l'image, 1998) ;
Cf. Rabelais (Panurge, IX ; in G. Defaux, 1994): "Despota ti nyn panagathe, dioti sy mi uc artodotis ? Horas gar limo analiscomenon eme athlios. Ce en to metaxy eme uc eleis udamos, zetis de par emu ha u chre, ce homos philologi pantes homologusi tote logus te ce rhemeta peritta hyparchin, opote pragma afto pasi delon esti. Entha gar anancei monon logi isin, hina pragmata, (hon peri amphisbetumen, me phosphoros epiphenete". Rétro-version grecque :
"Δέσποτα τοίνυν πανάγαθε, διατί σύ μοι οὐκ ἀρτοδοτεῖς ; Ὁρᾷς γὰρ λιμῷ ἀναλισκόμενον ἐμὲ ἀθλίως. Καὶ ἐν τῷ μεταξὺ ἐμὲ οὐκ ἐλεεῖς οὐδαμῶς, ζητεῖς δὲ παρ᾽ ἐμοῦ ἃ οὐ χρή, καὶ ὅμως φιλόλογοι πάντες ὁμολογοῦσι τότε λόγους τε καὶ ῥήματα περιττὰ ὑπάρχειν, ὁπότε πρᾶγμα αὐτὸ πᾶσι δῆλόν ἐστι. ῎Ενθα γὰρ ἀναγκαῖοι
μόνον λόγοι εἰσίν, ἵνα πράγματα, (ὧν πέρι ἀμφισβητοῦμεν), μὴ φωσφόρως ἐπιφαίνεται." (Notus, 2003). Traduction : "Excellent maître, pourquoi ne me donnez-vous pas de pain ? Vous me voyez dépérir de faim misérablement, et cependant vous êtes pour moi sans pitié, et vous me demandez des choses hors de propos. Pourtant tous les amis des lettres sont d'accord que les discours et paroles sont superflus quand les faits sont évidents
pour tous. Les discours ne sont nécessaires que là où les faits sur lesquels nous discutons ne se montrent pas clairement.".
[17] Cf. Cicéron : "Hoc persaepe facitis, ut, cum aliquid non veri simile dicatis et effugere reprehensionem velitis, adferatis aliquid, quod omnino ne fieri quidem possit, ut satius fuerit illud ipsum, de quo ambigebatur, concedere quam tam inpudenter resistere" : "Voilà ce que vous faites sans cesse : quand vous proférez une opinion douteuse, et que vous voulez fuir la réprobation, vous apportez une explication absurde, de sorte qu'il vaudrait mieux vous abstenir de controverser, plutôt que de résister effrontément. " (De la nature des dieux, I, 69).
[18] "Mais ceci ne peut entrer en l'entendement d'vne troppe infinie par trop affectiõnée à leur vaine, friuole & fuperficielle foy fans ceremonies, ignorans des autres fciences" (Almanach pour 1566, Les Cahiers Nostradamiques).
" ... à toufiours efté l'ignorance eftimee caufe de tous maux, & empefchement de tous biens, d'autant qu'il eft impoffible d'euiter vn mal auquel on ne penfe point, ny de iouyr d'vn bien qu'on n'entent point." (La Grand' Pronostication, 1557 ; Chevignard, 1999, p. 395).